fantômes du passé

Transgénérationnel : les fantômes familiaux

Aujourd’hui, je vais vous parler de fantômes !

Les fantômes que j’ai choisi de mettre à l’honneur dans cet article sont … les fantômes familiaux ! Et autant vous dire qu’on en a tous rencontrés au moins une fois dans notre vie !

Alors c’est quoi ? Comment et pourquoi ? Pour qui ? Je vous explique tout !

Il convient déjà de poser les bases ; le concept de « fantôme familial » est tiré de la psychogénéalogie – soit l’art de plonger dans les mémoires de ses ancêtres et de son arbre généalogique – inventée dans les années 70 par Anne Ancelin Schützenberger.

J’entends parfois des personnes dire « ça ne sert à rien de remuer le passé », ou encore « peu importe ce que mes ancêtres ont vécu, ça ne me concerne pas ». Et bien je suis au regret de vous annoncer que c’est FAUX ! Que vous le vouliez ou non, toutes les familles « ont des cadavres dans leurs placards » et nous en héritons !  Mais laissez-moi vous en détailler les raisons !

Nos aïeux ont vécu bon nombre de drames, de choc émotionnels, de souffrances… Ils ont pour certains connu la guerre, la famine, des mœurs d’un autre temps (mariages arrangés, inceste banalisé, éducation religieuse stricte, etc.), un accès bien moins développé aux soins et aux médicaments.

Et surtout, surtout, ils ne parlaient pas de leurs émotions ! Les psys et les thérapeutes se faisaient extrêmement rares voire inexistants et tout était contenu, mis sous clé, caché … et donc… non digéré !

Partons du principe qu’un trauma est une mémoire piégée (liée à un choc émotionnel, un drame non résolu) qui tourne en boucle. Au moment du traumatisme, le cerveau a bloqué les infos car le niveau de stress était trop important. Le circuit habituel du traitement de l’information en souvenir n’a pas pu se faire naturellement et l’émotion comme l’information se sont cristallisées, comme prises dans la glace.

Et bien devinez quoi ?!  La « mémoire piégée » devient un fantôme familial.

Et ces fantômes dont je vous donne des exemples plus loin deviennent une partie de notre héritage et tant qu’ils ne sont pas résolus, nous les transmettons nous aussi « généreusement » à nos enfants !

L’épigénétique explique désormais de manière scientifique comment ces mémoires sont transmises de génération en génération par le biais de nos gènes. Pour ma part, j’aime les imaginer comme des sortes de bulles à l’intérieur de nous qui contiennent ce fameux fantôme qui parfois ne se réveille jamais et d’autres fois parvient à s’échapper pour venir alors nous « hanter » jusqu’à être libéré.

Il faut savoir que nous héritons à priori toutes et tous de l’ensemble des fantômes familiaux MAIS seuls certains s’activent en fonction de certains critères (sexe, âge, place dans la fratrie).

Par exemple, imaginons une femme dans les années 1930, elle a 3 enfants dont le 2ème, un garçon, meurt dans des conditions terribles (accidentellement écrasé et broyé par le tracteur de son père, alcoolisé au moment de l’accident qui, rempli de culpabilité met fin à ses jours quelques temps après). La mère emporte avec elle cette souffrance et cette double peine qui deviennent un fantôme et transmet inconsciemment le message suivant à ses descendants : « le 2ème enfant meurt ET le père est potentiellement dangereux ou défaillant   ».  

Années 50/60 : La génération suivante, on constate que la fille aînée ne se marie jamais et n’a donc pas d’enfants. Sa petite sœur aura un premier enfant sans difficultés (une fille) et perd son deuxième (un garçon) à 6 mois de grossesse.

Années 80-90 : La première fille se marie, a un premier enfant naturellement puis est diagnostiquée infertile tandis qu’elle tente d’en avoir un deuxième. 

Année 2010 : chez la quatrième génération, on observe l’arrivée d’un deuxième enfant, de sexe masculin porteur d’un lourd handicap moteur ainsi que de troubles du comportement. En prime, le père de l’enfant ne supportant pas cette situation sombre dans l’alcool et devient violent jusqu’à ce que la mère décide de s’en séparer pour protéger son enfant.

Avez-vous saisi comment le fantôme se « manifeste » de génération en génération ? L’inconscient trouve toujours la « solution parfaite » pour ne surtout pas reproduire le terrible schéma de la mère, grand-mère et ainsi de suite : ne pas se marier – ne pas avoir de garçon – être infertile.

Ce que l’on appelle ici la « solution parfaite » ne signifie pas celle qui rend heureux(se) mais celle qui évite à tous prix de revivre l’horreur de la perte d’un enfant associée à celle d’un mari qui était responsable de la première.

Cet exemple étant assez complet, on peut aisément deviner que les conditions de la mort de ce petit garçon ont été déformées ou tues au fil du temps pour ne pas « déshonorer » ou « abîmer » la mémoire de la famille. Tout comme le suicide du mari est probablement devenu un secret, un non-dit pour « protéger » et « préserver » les générations suivantes.

Et c’est bien là qu’est le drame ! Car ces différentes mères qui revivent tant de difficultés autour de leur maternité ignorent qu’elles sont poursuivies par ce fantôme de souffrance et qu’il leur seraient possible de le libérer pour se libérer elles aussi !  

Cet exemple m’a été inspiré d’histoires familiales que j’ai pu rencontrer en séance mais il est évidemment déclinable à l’infini – ou presque – autour de drames tels que le viol, l’inceste, le suicide, la faillite, le crime, la découverte d’un enfant illégitime dit « bâtard », une mort violente et/ou précoce, un amour impossible, de la violence, etc.

Certains schémas se répètent tellement qu’ils deviennent des sortes de « mythes » : « oh ben dans ma famille il n’y a que des filles, on n’est pas capables de faire des garçons », « dans ma famille toutes les femmes déclenchent un cancer du sein au même âge » ou encore « dans ma famille, on galère tous financièrement, on fait faillite, les fins de mois sont toujours difficiles ».

Ces schémas sont tellement ancrés qu’ils sont devenus une fatalité, quelque chose de banal, de normal… Or, ils cachent toujours un secret ou un drame qui mériterait d’être nommé, reconnu et libéré !

Les « syndromes anniversaires » comme l’exemple du cancer du sein qui se déclenche sur 4 générations systématiquement à 40 ans (+ ou – 2 ans) ou des accidents qui surviennent toujours autour des 10 ans de l’enfant donnent eux aussi une indication et ne sont pas le fruit du hasard…

C’est une manière de conserver une forme de loyauté vis-à-vis de l’ancêtre qui a souffert. Quand bien même on ne l’a pas connu.e, nous portons en nous cette injonction de lui rester fidèle tant que sa souffrance n’a pas été pleinement reconnue.

Mais alors me direz-vous, que représente ce petit garçon qui naît avec un handicap moteur lourd et des troubles du comportement ?

Et bien il est ce que l’on appelle dans les familles un « paratonnerre ». C’est une âme qui est en quelque sorte « sacrifiée » par et pour les lignées et qui endosse, porte l’ensemble des fantômes familiaux. Ce sont souvent dans les familles ceux qu’on qualifie de « fous » ; les autistes, les schizophrènes, les psychotiques, les personnes d’une grande violence, les grands addicts.

On retrouve généralement les « paratonnerres » 4 ou 5 générations après le drame d’origine comme pour signifier « ça suffit, la lignée a assez souffert et « payé » pour cet évènement ». Bien entendu, pour les parents de l’enfant qui symbolise ce « paratonnerre » ainsi que pour l’enfant lui-même, cela représente une grande souffrance…

Mais il arrive que l’on voit ensuite le fantôme disparaitre dans les générations suivantes.

Enfin, il existe dans les familles celles et ceux que j’appelle les « phares ». Ce sont souvent ces mêmes personnes que je retrouve en cabinet, en quête de vérité, de compréhension, de réponses. Lorsqu’elles fouillent dans les mémoires familiales, elles sont souvent mal perçues, on tente de les en dissuader, on leur somme de « ne pas remuer le passé ». Et pourtant, lorsqu’elles parviennent à identifier de vieux drames non résolus, ce sont ces personnes qui viennent, comme un phare, mettre de la lumière sur des zones d’ombre et finalement libèrent les âmes de leurs lignées (qui bien souvent n’attendent que ça et sont remplies de gratitude !).

Il resterait tant de choses à dire sur ce vaste monde que sont les mémoires transgénérationnelles et cela fera sûrement l’objet d’autres articles dans l’avenir 😉

Si vous êtes arrivé.e au bout de celui-ci, je vous propose de prendre un temps d’introspection pour ressentir votre propre place dans vos lignées. Puis celle des autres membres de votre famille élargie. Enfin, avez-vous identifié vos propres fantômes familiaux ?

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